Un ancien de l'Indo de 1947 Ă 1949
de retour au Vietnam en 2009
Par Henri Darré, ex-Cabot du 2ème BMEO de Soctrang.
Mardi 21 avril 10h00 :
Aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, il fait à peine 10°c… j’embarque sur "Vietnam Airlines" où, il est assez difficile de se faire comprendre… le personnel ne parle que le Vietnamien et quelques bribes d'un mauvais anglais, ce qui me permet quand même d’obtenir à peu près ce que je veux, pour manger et boire…
Pour mes quelques voisins français, l’affaire est toute autre et, je les laisse se dépatouiller seuls… je me dis qu’ils doivent s’acclimater...
On ne va pas au Vietnam pour se farcir un steack-frites...Nous sommes prévenus que le vol sera sans escale, c’est-à -dire 13 heures ininterrompues…nous ne foulerons la terre ferme que demain, vers 5h00 (heure locale) à Saïgon (devenue Ho Chi Minh).
Mercredi 22 avril 5h00 du matin :
Nous arrivons en temps et en heure à Than Son Nhat (aéroport de Saïgon), il fait déjà 30°c, ce qui me permet de penser que cet après-midi, le thermomètre flirtera avec les 45/50°c.. Je n’ai donc pas choisi la meilleure période mais, je n’ai pas d’excuses, ayant déjà vécu ça de 1947 à 1949…j’aurais dû m’en souvenir…mais j’avais 20 ans…
L’aéroport a changé depuis mon dernier voyage de 1998, il a été refait complètement à neuf et, j’ai même l’impression que, comparé à lui, Roissy-Charles de Gaulle fait presque figure de marché aux puces... tout y est moderne et très aéré, les contrôles policiers et douaniers se font très rapides et cools…et, les bagages sont distribués très rapidement.
Une fois mon bagage de soute retiré, je sors de l’aéroport, je n’ai pas à attendre, mon ami Antoine Letrinhon, le Cambodgien est déjà là .. il habite à 3 km d’ici et ne s’est levé qu’à 4h30 avant de prendre un taxi… par contre, mon ami Là n, arrive avec 10 minutes de retard…il a pris le bus ce matin à 2h00 à LongXuyen.. il s’excuse et demande à Antoine de prendre la photo d’accueil…
Mon troisième ami Bà n, également de LongXuyen, s’excuse, par voie téléphonique, de ne pas être là avec les autres…Il a 91 ans…
Je suis invité à prendre le petit déjeuner avec mes deux compères, dans un petit troquet, à à un quart d’heure de taxi. Le petit dà jeuner qui se prend habituellement entre 5 et 6h00 du matin au Vietnam, est copieux ... soupe chinoise, oeufs, fruits, etc… arrosé de thé chaud.
Tout cela ne me convient guère et, j’en fais part à mes amis…13 heures de vol sans dormir, un décalage horaire de 6 heures, la forte température et, mes 85 balais, font que je n’ai absolument pas faim mais, par contre, j’ai une soif de dromadaire laquelle, n’est étanchée qu’une fois après avoir éclusé deux grands verres d’orangeade glacée…
La sagesse aurait voulu que je filasse au pieu pour au moins 5 à 6 heures, ce qui n’est pas le cas pour l’instant...mes deux amis m’entraînent, à pied, chez une belle-fille de Là n qui habite à 200 mètres de là …
Antoine se charge de mon sac de soute à roulettes…j’ai même des difficultés à ne porter que mon sac de cabine.
Nous arrivons chez My Ngoc, dans cette maison de trois Ă©tages oĂą habitent Ă©galement deux jeunes filles de la famille, Phuong Trang et Bao Tran.
L’appartement que Là n possède chez chacun de ses enfants, est au 2ème ètage.
C’est là que j’occupe le lit de Là n, lui-même installé sur un lit de secours, dans un coin. Je m’affale plutôt que je ne me couche et là , je crois que chacun se rend compte que je suis complètement out…une petite table est avancée près de ma couche et, les jeunes filles m’apportent des boissons fraïches allant du thé au lait de coco… la clim fonctionne et les ventilos ronronnent.. la vie est quand même belle.
J’ai beaucoup de mal à m’endormir et, mes yeux mi-fermés me permettent de voir que les jeunes filles font la navette entre le 1er et le 3eme étage, pour vérifier sans doute discrètement que les « long-nez » sont bien différents des « nez-plat »…
Vers 16 heures, Là n qui tourne en rond, m’invite à faire un tour dans le quartier, composé de petites rues très animées et, la première chose qui me saute à l’oeil, est de voir les paquets inextricables de fils électriques et téléphoniques, accrochés de-ci de-là et, je me dis que les fonctionnaires des PTT/EDF tomberaient en syncope s’ils voyaient ça !!!
Nous crapahutons jusqu’au centre de Saïgon, la chaleur est insupportable et frôle les 50°c, Là n et Antoine décident de rentrer afin que je me repose.
Le programme établi sera différé d’une journée. Demain, nous visiterons le centre ville pour y prendre des photos.
Jeudi 23 avril :
A 5h00, Là n est debout et Antoine doit-être là dans quelques minutes. Nous allons prendre le petit déjeuner dans un bistrot à 100 mètres de la maison. Au retour, les filles me sautent au cou et m’encouragent pour la journée.
Un taxi nous attend et nous embarque avec nos caméras.
En quelques minutes, nous sommes au centre ville et passons successivement devant l’hôtel de ville…
L'HĂ´tel de Ville de SaĂŻgon
La Mairie est un ancien bâtiment français, très bien entretenu.
La Cathédrale Notre-Dame de Saïgon
Sur la Place de la Commune de Paris, nous pouvons voir la Cathédrale Notre-Dame, construite entre 1886 et 1891 par un architecte français, sur les ruines d’une pagode. Avec ses deux clochers carrés et ses murs de brique rouge, l’édifice est grandiose et austère à la fois.
Chaque dimanche, pas moins de sept messes sont servies, pour les catholiques locaux mais aussi pour les touristes à Notre-Dame de Saïgon…
La Poste Centrale de SaĂŻgon
La Poste Centrale, fondée entre 1885 et 1894, rappelle les constructions parisiennes de cette époque. Sa verrière construite par Gustave Eiffel ressemble à celle de la gare parisienne d’Orsay. A l’intérieur, on peut y voir deux cartes anciennes de la Cochinchine, qui ont survécu aux ravages de la guerre.
Boulevards Norodom, Galliéni, Charner…l’ancienne librairie Albert Portail où, de notre temps, 80% de l’espace était réservé à la littérature française alors que maintenant, les ouvrages sont Vietnamiens et Chinois et Anglais… la France est réduite dans 5% de cet espace…
La chaleur est infernale et, j’apprécie vraiment les taxis, les restos ou les bars qui sont bien climatisés...
La fatigue ne m’a pas encore quitté et, nous décidons de rentrer au bercail car demain, nous attaquons la cambrousse.
Minh Hien de CaoLanh
Samedi 25 Avril :
Minh Hien nous accompagne jusqu’à CaoLanh/ville où nous visitons sa clinique privée et, nous nous dirigeons vers le port où nous prenons le ferry pour traverser le bras du Mékong et prendre un taxi qui nous emmènera à LongXuyen.
Après environ 80 km, Long Xuyen est en vue, avec ses 120.000 habitants. Le taxi nous dépose devant le 166 Trà n Hung Dao, où se trouve le fief de Là n… Deux autres filles de Là n, Tram Anh et My Anh et son mari Nga nous accueillent…la quatrième fille de Là n, Minh Phung est installée dans le centre ville et, dirige son propre magasin de télé/machines à laver/frigos,etc…
Au Vietnam, tous les appartements de particuliers ne peuvent pas dépasser quatre mètres de large, par contre, la hauteur reste libre. Ainsi, les appartements de la famille de Là n, ont trois étages, que ce soit à Saïgon, à CaoLanh ou à LongXuyen.
Alors que l’ appartement de Là n est au 1er étage, on m’installe au 2eme, dans une très belle chambre à air conditionné…la salle de bain attenante, fait bien quatre fois la superficie de celle de chez moi à Thimory et, est très bien aménagée.
Après un brin de toilette, je redescend sur terre.. Là n et Antoine m’attendent de le hall où sont remisées les motocyclettes de la famille...
Antoine m’engage à prendre un casque et à monter derrière lui.. nous allons suivre Là n pour aller rendre visite à mon troisième ami Bà n, qui porte allègrement ses 91 ans..
Quelques instants plus tard , nous arrivons chez Bà n, qui trépigne d’impatience.. nous ne nous sommes pas vus depuis 1998…
L’ imprimeur est toujours fringuant, il n’a pas changé...45 kgs tout habillé... il fait 9 km à pied chaque matin à 5h00…c’est sans doute le secret de sa longévité.
Mon ami Bà n, l’imprimeur de LongXuyen. Je rencontre sa fille, Cao Thi Tuyet Suong, professeur de Sciences Naturelles, laquelle seconde également Bà n, dans sa position de PDG de l’imprimerie.
L’imprimerie antique, est attenante à la maison d’habitation…une dizaine de personnes est employée aux travaux d’impression et, mis à part le massicot, aucune autre machine n’existe dans cette imprimerie…tout se fait manuellement et avec dextérité.
Monsieur Bà n, ancien professeur de mathématiques est responsable de son entreprise depuis plus de 40 ans . Son imprimerie a œuvré successivement pour les Français, les Viets, les Américains et maintenant pour le Vietnam libéré.
Nous retournons tous chez Là n, où les filles ont préparé un super dîner où nous nous retrouvons tous, Bà n et sa fille inclus.
Après ces quatre jours, je ne suis pas encore tout à fait  dans « mon assiette » et, cet amoncellement de victuailles à la Vietnamienne » a plutôt tendance à me soulever le coeur...
Je dois faire honneur, ce qui m’amène à faire un gros effort..
La fatigue et la chaleur, me coupent un peu l’appétit et, dans le but de m’être agréables, les filles m’ajoutent dans mon bol, à l’aide de leurs baguettes, tout un tas de petites choses piquées par-ci par-là dans différents récipients…Cela devient très difficile pour moi, et surtout pour mon estomac qui réclame toujours à boire, mais refuse la « bouffe ».
Heureusement que les filles qui ont compris mes difficultés, me changent de bol de temps en temps.
Enfin, il est 20h00, l’heure habituelle d’aller se coucher à LongXuyen…je suis ravi d’enfiler l’escalier et de foncer jusqu’au 2ème étage..j’ai l’impression que la journée a duré 30 heures…Un repas chez Là n à LongXuyen.
Dimanche 26 avril :
Le programme continue, avec la visite de l' île du tigre, sur le Mékong.. c’est là que nous avions pris, il y a onze ans, une photo de nous quatre (Là n, Bà n, Antoine et moi) et, il est question de reprendre cette même photo, au même endroit qu’en 1998.
A 5h00, tout le monde est debout et, les filles viennent gratter à ma porte pour me dire que le petit déjeuner est servi.. Je me sens un peu mieux et, je pense que je vais faire face !!
J’opte pour une soupe chinoise, avec beaucoup de liquide, de nouilles et d’herbes diverses…nous sommes loin du café au lait…
A 7h00, un taxi nous emmène au port où une barcasse, conduite par une gentille Vietnamienne, va nous conduire à l' île du Tigre.
Depuis 1998, les installations, autour du mausolée de Ton Duc Thang, Président successeur d’Ho Chi Minh, se sont sensiblement améliorées.. le bateau et l’avion du président y sont exposés.
de gauche Ă droite : Henri, Antoine, LĂ n et BĂ n
Après avoir déposé un bâton d’encens devant la tombe du Président, nous réintégrons la ville pour prendre un peu de repos car, ce soir à 18h00, nous sommes invités chez Bà n l’imprimeur.
18h30, nous sommes autour de la table de Bà n , je me laisse aller avec la cuisine préparée par la maîtresse de maison et là , mon estomac ne suit plus…l’indigestion me guette et se précise…
Nous rentrons en moto et je ne tarde pas à aller me coucher.. la vie est dure.18h30, nous sommes autour de la table de Bà n , je me laisse aller avec la cuisine préparée par la maîtresse de maison et là , mon estomac ne suit plus…l’indigestion me guette et se précise…nous rentrons en moto et je ne tarde pas à aller me coucher.. la vie est dure.
Je passe une assez mauvaise nuit où, j’ai dû me dégager l’estomac…les filles de Là n viennent me frotter la poitrine avec de la pommade camphrée.. je vais m’en tirer à bon compte, je suis prêt à repartir.
La gymnastique quotidienne
Lundi 27 avril :
Il est 5h00, Là n va rejoindre son « harem » de copines pour la gymnastique quotidienne. Il m’invite à le suivre afin dit-il, de respirer l’air frais du matin ( 28°c)…
Entre le lac et le bras du Mékong, ces dames, en compagnie de Là n , répètent inlassablement leurs gestes chaque jour, pendant une demi-heure, au son d’une musique légèrement nasillarde…
Je dois dire qu’elles sont en excellente forme mais, je sens que mes 80 kg ne vont pas supporter ça tous les jours…
A 6h00, tout le monde se donne rendez-vous dans le parc d’un hôtel de la ville, pour le traditionnel petit déjeuner…je reste fidèle à ma soupe aux nouilles chinoises.. je ne regrette même plus mon café au lait/tartines beurrées-confiturées de Thimory...
Nous passons le reste de la journée à visiter LongXuyen, les nouveaux quartiers administratifs dont les bâtiments sont imposants,. Le grand super marché de cinq étages, dont le 5ème est réservé à la littérature et à la musique…j’en ai profité pour acheter une vingtaine de DVD pour moins de 2 €.
La vie n’est pas chère au Vietnam, ce qui permet aux Vietnamiens de classe moyenne de vivre assez confortablement. Pour un euro par jour, il est possible de bien s’alimenter.
Mes amis, qui sont « disons » assez aisés , prétendent que pour moins de 400 €par mois, il est possible de vivre comme un « Roi »…
Dans le but de me faire découvrir toutes les « finesses» de son pays, Là n décide de m’emmener dans un salon de massage..
Aussitôt arrivés, on me présente une gentille petite masseuse, habillée court , laquelle m’emmène dans un cabinet richement décoré. Je suis invité à me (déloquer) et à me glisser dans une cabine transparente.. alors qu’elle ouvre les vannes de vapeur, la paroi devient rapidement embuée et, lorsque je commence à manquer d’air, je passe mes doigts sur la paroi, comme je le ferais sur mon pare-brise et, je vois la fille occupée à regarder un dessin animé sur une télé… la voyant très absorbée et.. manquant d’air moi-même, je frappe énergiquement la paroi afin qu’elle vienne ouvrir la cabine, ce qu’elle fait en arrêtant la vapeur..
Je suis en eau, j’ai dû laisser quelques litres de sueur…additionnés aux kilos perdus depuis mon arrivée, je risque de ressembler rapidement à une limande…
J’ai donc droit à une séance de séchage exécutée par des mains expertes. Je dois ensuite m’allonger sur le ventre et là commence le massage énergique…moi qui avais pensé à quelque chose de doux.. genre Thaïlandais… la donzelle se retrouve vite à genoux sur mon dos, sans me faire cadeaux…elle fait sans doute bien son métier mais, m’ayant à moitié défoncé les côtes..je ne reviendrai pas demain.
Je préfère « l’après-massage »…
Nous passons le reste de la journée à visiter la ville.
Le Cap Saint-Jacques
Mardi 28 avril :
Destination le Cap Saint-Jacques, sur la Mer de Chine.
A 7h00, nous prenons un taxi juste après le petit déjeuner, nous avons environ 260 km pour arriver sur la plage..
Ce Cap Saint-Jacques, passage quasi-obligatoire pour tous ceux qui ont combattu en Indochine. Tous l’ont franchi soit sur l’Ile-de-France, le Pasteur, l’Athos II, le Sontay, le Champollion, le Félix Roussel, et bien d’autres encore, pour rejoindre, au ralenti, Saïgon, après 25 km de rivière dont les bords verdoyants et inhospitaliers, abritaient les armèes du Vietminh.
Je pense à mes amis, anciens d’Indo, à Bernard Beauplet du 1er BMEO/TraVinh , à Jean Savoye, un mataf qui navigua sur la Flottille Indo/Sud , à Gilbert Ade , le mataf de Saïgon et aussi à Jacques Caron, lequel pour aller combattre sur les Hauts Plateaux au 4ème BMEO est passé, comme nous, également par ce Cap… (qui n’était pas celui de Bonne Espérance).
A 30 km du Cap, on distingue de grands bâtiments, occupés par des Russes, qui ont installé des plate-formes pétrolières à 100 km au large.
L’autoroute qui mène au Cap est bordée d’arbrisseaux bien entretenus, pendant une bonne quinzaine de kilomètres avant d’arriver sur un bord de mer très bien aménagé, où beaucoup de Vietnamiens viennent passer régulièrement quelques jours…c’est un peu la Côte d’Azur du Vietnam-Sud.
Les restaurants et les hôtels sont nombreux et bien réputés. On y déguste des fruits de mer frais à bon compte….notre repas, servi avec des fruits de mer (crabe, langouste, etc..) et du vin australien, nous revient à 6 € pour nous quatre et le chauffeur inclus.
Nous visitons la Villa-Blanche de Paul Doumer alors Gouverneur d’Indochine au début du 20ème siècle. Cette demeure fut également celle de Bao Daï au cours des années 1947/48.Nous visitons la Villa-Blanche de Paul Doumer alors Gouverneur d’Indochine au début du 20ème siècle. Cette demeure fut également celle de Bao Daï au cours des années 1947/48. Cet édifice est maintenant transformé en musée, qui renferme entre-autres, une superbe collection d’ivoires, prélevée sur l’épave d’un cargo chinois coulé par l’artillerie française au 19ème siècle. Nous visitons la Villa-Blanche de Paul Doumer alors Gouverneur d’Indochine au début du 20ème siècle. Cette demeure fut également celle de Bao Daï au cours des années 1947/48.
Mercredi 29 avril :
Nous abandonnons Là n et Bà n à LongXuyen, pour poursuivre, Antoine le Cambodgien et moi, le périple que je me suis fixé.
Je dois visiter mes anciens lieux de batailles de Cantho Ă Soctrang, ainsi que ceux de Bernard Beauplet, de Cantho Ă Travinh.
Notre première escale est VinhLong où, nous allons visiter les vergers situés en face de la ville, de l’autre côté du Mékong. Mon ami Antoine, en tant que guide professionnel, se sert de son téléphone avec maestria, il a enregistré une quantité incroyable de numéros correspondant aux taxis, bateaux, restaurants, hôtels, etc… dans tout le Sud Vietnam, jusqu’aux Hauts Plateaux et même jusqu’à Hanoï…
Dans la plupart de ces endroits, il est invité gracieusement…Notre taxi nous dépose à la porte d’un restaurant installé sur le bord du Mékong et, sitôt le déjeuner terminé, un bateau vient s’amarrer juste en bas du restaurant, pour nous emmener sur l’autre rive et, pénétrer dans les vergers par un arroyo.
Antoine m’explique que, pendant la sale guerre, sur ces arroyos parfois d’à peine deux mètres de large, à quelques dizaines de mètres seulement des bâtiments de la marine française, des centaines, voire des milliers de soldats Viets, glissaient silencieusement, à plat ventre, individuellement sur des troncs d’arbres ou de vulgaire planches.
Nous sommes très bien accueillis dans une maison bien agencée pour les randonneurs, je bénéficie même d’une chambre individuelle climatisée.. Antoine, au courant de ma santé précaire actuelle (début de tourista) a déjà téléphoné à Minh Hien, laquelle lui a indiqué les médicaments qu’il devait se procurer, afin de me les administrer.. j’ai du mal à m’endormir et, j’ai largement le temps d’observer un énorme margouillat qui se trouve à 30cm de mon visage. Sa présence ne me gêne absolument pas, j’ai trop de reconnaissance pour ces bestioles qui, dans un temps déjà ancien, m’ont évité de nombreuses piqûres de moustiques et je regrette que, les attaques de moustiques régressant, le pauvre margouillat soit maintenant vendu sur les marchés, pour être mangé, au même titre que les serpents.
Jeudi 30 avril :
Après une nuit calme dans l’ensemble, bien que.. légèrement agitée en ce qui me concerne, nous sommes debout à 5h00 pour prendre notre petit déjeuner accompagné du Maître de maison avec lequel nous discutons en anglais...il est le secrétaire de la Mairie de Vinhlong, son épouse s’occupe des randonneurs.
Aujourd’hui, à part moi-même, ce sont deux jeunes allemandes qui visitent le Sud-Vietnam et qui ont fait une halte dans les vergers de VinhLong.
Le bateau nous attend déjà pour nous faire traverser le Mékong et nous déposer juste sur un quai où se trouve, moteur tournant, notre nouveau taxi pour Cantho.
Nous nous arrêtons, en cours de route, dans un village d’artisans où, on peut mesurer le courage et l’habileté des ces hommes et femmes, qui travaillent dans des conditions pas toujours agréables, près des fours alimentés par de la balle de riz, carburant bon marché et toujours apprécié des vietnamiens, pour son coût réduit et aussi pour le respect de l’environnement.
Nous continuons vers Cantho où nous prenons successivement le ferry et des moto-taxis, qui nous emmènent en ville.
Cantho est la plus grande ville du Sud, après Saïgon. Je ne reconnais bien sûr plus rien de cette ville où, je venais en liaison deux fois par semaine , alors que j’étais au 2ème BMEO de Soctrang … maintenant, c’est une ville turbulente, avec plein de magasins et de grands immeubles….où est ma petite boutique chinoise de 1949 ???
Nous arrivons à l’hôtel où notre chambre est réservée au 7ème étage. Antoine a pensé qu’il serait bon d’avoir une seule chambre à deux lits. Il a des instructions pour surveiller ma santé mais, tout à l’air de bien aller.
Du 7ème étage, Antoine m’indique et m’explique la topographie de la ville, le nouveau pont, qui a fait, il y a deux ans, une cinquantaine de morts parmi l’équipe Japonaise qui le construisait. On peut voir que cet ouvrage, n’attend plus que le tablier central avant d’être mis en circulation. C’est un ouvrage très important, quand on sait que les bras du Mékong peuvent faire parfois plusieurs kilomètres.
De notre balcon, on distingue également l’endroit où se trouvait la base/marine française, que connaissait bien notre ami Jean Savoye, qui a dû naviguer depuis cette base, par le Canal Lagrange, jusqu’à LongXuyen et la frontière Cambodgienne.
La ville semble très active, les motocyclettes, comme partout au Vietnam, ronronnent tranquillement, dans tous les sens.
Mon ami Bernard, le Colonel, aurait sans doute du mal à reconnaître « sa » ville, les bâtiments militaires ont disparu pour laisser place, comme ailleurs, à de nouvelles constructions modernes et pleines de couleur.
Le seul moyen de s’y retrouver vraiment, pour nous les anciens d’Indo, est de repérer les églises et les pagodes.
Les artères de la ville se sont élargies considérablement et tout semble propre.. les cheveux des congaïs flottent au vent, sur les motos.
Aujourd’hui, les couleurs de la ville sont mêlées à celles des drapeaux multicolores et, en particulier aux drapeaux rouges à étoile jaune … c’est en effet le jour anniversaire de la libération du Vietnam.
Nous sommes passés devant le monument aux morts bien fleuri, devant l’église catholique très ancienne et bien entretenue.. le gouvernement a récemment décidé de participer à l’entretien de tous les édifices religieux.